Pathétique mais frappant, ce constat : nos élus sont déconnectés.
Déconnectés des réseaux sociaux, sur la forme, et en particulier sur le fond.
Seuls 24% des élus pensent réseaux sociaux pour la proximité avec les citoyens, préférant déléguer ou sous-traiter cette mission, -lorsque le service communication est existant. (Influencia http://tinyurl.com/pbl2t9t )
Ils sont bien plus préoccupés à diffuser, en communication descendante qui les met en avant (inaugurations, injonctions moralisatrices, name dropping avec des personnalités, critiques du camp adverse ..) que d’émettre des infos dédiées aux citoyens, ou tournées vers des sujets concrets de société.
« Matignon, aussi, se heurte au désintérêt des différents ministres. Sommés de rendre quelques propositions pour mettre un peu de connectivité à leur portefeuille, ces derniers traînent ostensiblement la patte – c’est un Jean-Marc Ayrault quasiment solitaire qui, en mars 2014, présente la stratégie numérique du gouvernement, dans un amphi tout aussi déserté. » – Le Nouvel Obs : http://tinyurl.com/oo3n46a
Cela va jusqu’à poser un problème de constitutionnalité, lorsqu’un Député de Haute-Savoie, Lionel Tardy twitte en direct depuis des commissions parlementaires, normalement en huis clos, et se fait rappeler à l’ordre par le Président de l’Assemblée.
Pourtant, « La communication est une mission reconnue par les maires, même dans les plus petites collectivités. » (Enquête Occurrence) http://tinyurl.com/nva9x3z
A l’instar des conseils municipaux, ou d’arrondissements, qui se tiennent au sein des municipalités avec les élus, en grande proximité avec le quotidien des habitants, permettant l’échange, le dialogue. Les moyens de communication, de transmission du numérique ne sont toujours pas intégrés, ni techniquement, ni culturellement.
Pourtant, les réseaux sociaux sont un excellent moyen de démocratie participative.
Quelle dichotomie avec les usages des particuliers français ! A laquelle la plupart du monde politique oppose crainte, négligence, ou ironie.
Paradoxal pour cette « profession », censée représenter et parler au nom du peuple.. Et, bien au-delà de la mise en place d’un environnement relationnel, électoral, les enjeux sont également considérables sur ces sujets :
* protection des données personnelles * cybersécurité * protection de la liberté d’expression, neutralité du Net , etc.. évoqués dans le rapport « Ambition Numérique » remis par Benoît Thieulin le 18 juin.
C’est à l’ouverture des Journées Numériques du Medef le 10 juin dernier, que j’ai trouvé un peu d’air… une inspiration, en la personne d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat au Numérique.
En effet, rare parmi les membres du gouvernement, elle assure une présence continue, active, sur son profil Twitter, et témoigne de sa modernité, en cohérence avec notre environnement. Information sur ses réunions de travail, son calendrier, échanges avec les acteurs du numérique, elle encourage les initiatives, remercie, partage aussi parfois ses coups de coeurs musicaux. Chaque jour, elle tisse un lien authentique avec ses followers, sans snobisme de sélection intempestive.
Elle prouve là son implication, dans sa fonction, où la proximité et la réactivité sont inhérentes à son ministère.
C’est tout en maîtrise du sujet qu’elle mène ses actions sur le terrain, comme sur la stratégie numérique pour la jeunesse: « Cette jeunesse sait que le numérique permet de tirer le tapis sous les pieds de celles et ceux des systèmes qui sont installés : les entreprises, les médias, les maîtres à penser ou à décider », dit-elle.
Et lorsqu’elle joute amicalement avec Benoît Thieulin, nous avons enfin une vision différente de notre monde politique : Très loin de la langue de bois de nos hommes politiques traditionnels, voire old school.
Las, des paroles creuses, des effets rhétoriques, de grandes annonces ! Axelle Lemaire a tout simplement répondu à l’interrogation de Benoît Thieulin par un Tweet, le 10 Juin :
« B. @thieulin @CNNum : Mais bien sûr, je parle du Cnum 9 x sur 10 pour souligner le superbe travail fourni et remercier ses membres » @axellelemaire via @LUsineDigitale
Bien au-delà d’une stratégie, c’est clairement, et depuis le début de son mandat, un atout, et des capacités relationnelles évidentes, qui lui apportent cette communauté forte, et soutenante.
Elle pense, elle le communique, elle agit. En grande maîtrise des compétences nécessaires aujourd’hui, le bien communiquer, le partage.
Heureusement, certains autres politiques ont naturellement investi ces réseaux avec authenticité, citons entre autres @AnneHidalgo, @laurentWauquiez parfois, et certains des plus jeunes élus locaux.
Et cette interrogation de Michel Serres « Avons-nous vraiment besoin d’un gouvernement ? » tout au long des pages du « Gaucher boiteux. Figures de la pensée » (éd. Le Pommier), en regard à l’abdication des électeurs devant les urnes, j’ai pourtant envie d’imaginer que la nouvelle garde se trouve là, qui mouille sa chemise, prenant le « risque » des échanges, des altercations, de la relation humaine, en somme.
Pour retrouver sa souveraineté, le politique ne pourra négliger plus longtemps ces vecteurs puissants de communication,
souffrez-le 🙂

Merci Fabienne pour cette réflexion à laquelle je ne m’étais jamais adonnée sur la place et le rôle que les médias sociaux peuvent jouer dans notre démocratie, au délà des effets d’annonce et formules médiatiques destinées à être reprises par les journalistes.
Connais tu le cas de cette commune en Espagne, Jun, gérée sur Twitter par le maire et dont la quasi totalité des habitants a du coup un compte : http://www.rtl.fr/culture/web-high-tech/la-petite-ville-espagnole-geree-sur-twitter-7777436884.
Comme quoi c’est possible et peut-être même efficace…
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