Critique … de la critique de la tech !

En 1990 les débuts d’Internet, en 1997 le premier réseau social que tout le monde a oublié : Sixdegrees/ dot/ com.

Facebook qui atteint le Graal en 2008, est devenue la plate-forme dominante des médias sociaux avec plus de 100 millions d’utilisateurs mensuels, atteignant les 3 milliards aujourd’hui.

A l’origine, ces plates-formes étaient relativement inoffensives, et permettaient aux internautes de créer des pages, sur lesquelles publier des photos, des informations familiales, et au fil du temps, un partage de détails plus intimes, pour se mettre en scène. Or, il est aujourd’hui clair que notre naïveté a été prise au piège et fait le jeu du mépris du bien commun, et de toute régulation, les intérêts commerciaux des plateformes – somme toute légitimes- passant bien au-delà. 

Quelle est la chronologie du business model ?
L’amorce s’est faite par la publicité ! Au cours de sa croissance Google a pu évaluer le contenu d’une page et la manière dont les utilisateurs interagissent avec elle. Cette « publicité par ciblage de centres d’intérêt » générait en 2004, un chiffre d’affaires quotidien de 1 million de dollars ; Ce chiffre a été multiplié par plus de 25 en 2010 !
Portée par l’abondance des données récoltées à grande échelle, dans l’objectif de produire des annonces en ligne les plus pertinentes.  

Alors la 2e étape, c’est la détection de nos engagements par les « like » de tel contenu, les clics sur telle ou telle publicité, pour opérer la prédiction des comportements. Car, servir les besoins réels des consommateurs a moins de valeur, est moins lucratif pour ces entreprises, que vendre des prédictions sur nos agissements en ligne.

On parle du grand concept de capitalisme de surveillance ? 

Oui, avec Shoshana Zuboff, universitaire et sociologie américaine! Qui a théorisé ce concept.
Par le visionnage des documentaires américains comme « Hold up sur nos datas “ ou « Derrière nos écrans de fumée », dans lesquels les plateformes dévoilent les dessous de leur design, nous avons été informés, puis convaincus que c’est le cas.
Selon ces documentaires, l’expérience humaine est utilisée à des fins économiques. Mais ensuite, cette influence peut potentiellement se transformer en un contrôle sur nos choix politiques, comme nous l’avons découvert par exemple avec l’affaire Cambridge Analytica.

Les allégations de Shoshana Zuboff, dans son ouvrage « Vous êtes maintenant contrôlé à distance », convergent sur ces réflexions et invitent à une prise de conscience collective en arguant que « Deux milliards de personnes auront des pensées, qu’elles n’avaient pas l’intention d’avoir ».  

Toutes ces assertions nous régalent de science-fiction dystopique, mais pour certaines, il y a très peu de preuves… Le sociologue Sébastien Broche, lui, reproche à Shoshana Zuboff de ne jamais évaluer les faits qui vont à l’encontre de ses déclarations, qu’elle s’en tient à des préconisations générales en matière de lutte contre la surveillance en oubliant d’inscrire ce “capitalisme” dans une histoire plus large ».

Quant à Tristan Harris, qui témoigne dans « The Social Dilemma », il rallie cette prise de parole alarmante en affirmant que les concepteurs de médias sociaux peuvent aller jusqu’à nous forcer à avoir des pensées indésirables.

Rappelons que Harris est titulaire d’un diplôme en informatique de Stanford et a travaillé chez Google, mais il n’a aucune formation en sciences humaines et sciences sociales de la technologie,
ce qui pourrait lui apporter une prise de recul appréciable. Ses thèses sont d’ailleurs contestées.

Quel crédit donner aux informations auxquelles nous sommes exposés ?
Est ce que le prestige du producteur de l’information peut être gage de fiabilité ?
Prenons un exemple, moins virtuel mais parlant :

En 2017, le Cabinet McKinsey affirmait que 60 % des professions auraient 1/3 de leurs activités automatisées par « l’intelligence artificielle » d’ici 2030.  Contraignant entre 400 et 800 millions de travailleurs à chercher un autre emploi. Mc Kinsey vend des services de conseil aux entreprises.
Par conséquent, la firme a tout intérêt à ce que les dirigeants accréditent l’information qu’ils seront confrontés à un environnement transformé. Injectant ainsi de l’inquiétude auprès des décideurs, pour générer des commandes d’études et des analyses stratégiques.
D’ailleurs, en quête d’éléments de preuve de ces chiffres de 2017, je trouve ceci : Toujours selon un rapport Mc Kinsey, de juin 2020, soit 3 ans plus tard, environ 22 % des emplois en Europe pourraient être automatisés d’ici 2030. Leur prédiction de taux d’automatisation des emplois est passée de 60 % à 22 % !

Ce que j’avance ici est d’interroger et de multiplier des sources contradictoires ou concordantes, en matière de technologie, pour approcher d’une certaine objectivité.
À partir d’un fait, nous pouvons produire deux types de narrations : l’une orientée communication, avec plus ou moins de remaniement,
l’autre informationnelle, se déployant dans un esprit d’éveil avec des sources citées, recoupées, et des expertises en attestant.
Finalement le battage médiatique pro tech est tout aussi préjudiciable que le battage médiatique antitech !

Ce billet est la retranscription de ma chronique PatchTech du super podcast TrenchTech , que vous pouvez écouter ici https://smartlink.ausha.co/trench-tech/patch-tech-critique-de-la-critique-de-la-tech

Publié par

fabienne billat

Le numérique, c'est une culture, empirique, et humaine. Depuis 1998, mes missions professionnelles se succèdent dans ce domaine, toujours axées sur l'innovation avec la communication comme levier. En 2009 : Collaboration avec la start up Smub, Inc, développement de la techno de sharing de liens web, pour la presse magazine. En 2014 , le sujet de la transformation numérique se pose dans les entreprises mais rien n'est décrypté sur l'engagement des collaborateurs, dont l'implication permet de se rapprocher des entreprises et marques déjà très connectés. Je rédige donc "Au secours, ma boîte se digitalise !" synthèse de mes réflexions, issues de l'expérience terrain, et publiée dans Les Echos : https://wordpress.com/post/fabiennebillat.com/4 (en intégralité sur ce blog) Depuis, pour des acteurs économiques privés et publics je réalise des interventions, des conférences, adaptées au domaine d'activité et au niveau de maturité des utilisateurs, afin de créer un environnement performant. J'accompagne des dirigeants, des start upeurs, des dircom & marketing dans leur présence on-line, leur veille économique, l'optimisation de leur communauté, leur influence mais également celle de leur entreprise. Ponctuellement, je réalise des cover live tweets à la journée, lors d'événements numériques de grands comptes, avec des interviews. Cela vous inspire ? Contactons-nous !

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