Les plates-formes mondiales, Facebook, TikTok ou Twitter, ont ouvert l’ère de l’économie de l’attention.
Commençons par nos pratiques d’internautes : 62,5 % de la population mondiale utilise Internet et sur les réseaux sociaux il y a 4,62 milliards d’utilisateurs actifs.
Ces chiffres, écrasants, et croissants indiquent qu’il serait impossible de revenir en arrière. Car le Web est intégré dans tous nos processus économiques, politiques, sociaux. Nous passons en moyenne 6h58 par jour sur Internet, le zoom est souvent opéré sur le temps d’écran, mais cela n’a aucun sens.
Faisons un parallèle avec l’alimentation : devant l’abondance de contenus, notre consommation numérique serait comme évaluer la nourriture consommée à son poids. 5 kg de salade verte n’équivalent pas 5 kg de frites, vous en conviendrez.
Pour Google et les Gafa, le défi et la captation de l’attention, c’est le capital recherché par les plates-formes. Notre niveau d’attention est une source de valorisation des contenus des messages publicitaires
Quelles sont les tactiques de ces plates-formes pour retenir les internautes ?
Une fois que nous sommes connectés, c’est un flux continu, un fil d’actualité sans fin entre les réseaux sociaux, les mails, les SMS.
Une illustration :les applications téléchargées sur nos smartphones, nous privent des signaux d’arrêt nous indiquent qu’il est temps de passer à autre chose. Inversement, la lecture d’un journal ou le visionnage d’une série, une fois les pages du journal tournées, nous parvenons au bout de l’édition. Une fois l’épisode de la série terminée, même si vous enchaînez sur le suivant, il comporte une fin.
Les notifications sont l’une des fonctionnalités et plus stressantes de nos smartphones, c’est pourquoi nous sommes maintenus en alerte permanente, lorsqu’elles sont activées.Parlons aussi des récompenses aléatoires prodiguées sur les plateformes
Ces récompenses sont efficaces lorsqu’elles sont intermittentes et non prévisibles. Le résultat attendu est relié à une part d’incertitude. Afin que nous soyons soit déçu, soit émerveillé devant ce qui s’affiche sous nos yeux. C’est d’une efficacité addictive redoutable.
Il en découle de la dépendance à ses nombreuses interfaces et services.
Les plates-formes, les réseaux sociaux nous apprennent à devenir accro.
Ces techniques employées se basent sur nos besoins anthropologiques ?
Oui, car dès la 10e seconde, il nous faut un nouveau stimulus, une autre recommandation car notre contexte mental est remis a zéro. Parmi nos besoins primaires se trouve aussi celui de la reconnaissance sociale. C’est un besoin d’appartenir à une communauté. L’ego est également l’un des piliers de notre motivation Cela permet ensuite aux plates-formes de produire et développer des modèles prédictifs pousser de plus en plus performant , pour parvenir à optimiser cette captation de l’attention.
Et au passage, les plates-formes en profitent pour collecter des données personnelles ? Oui, comme l’intelligence artificielle de Facebook, qui manipule des trillions de points de données par jour, réalisant plus de 6 millions de prédictions de comportement, à la seconde. Tout ceci va très loin : même les moteurs de recherche construisent des frontières de l’information en personnalisant les résultats en fonction de notre géolocalisation, de notre langage etc.
Alors que nous sommes convaincus que nos explorations sur ces moteurs de recherche sont non exhaustives, et ouvertes. À ce propos, le site « search atlas » permet de comparer les résultats à travers différents pays d’une même requête, sur Google
Avec ce constat affligeant, comment réagir ?
Rétrospectivement l’apprentissage du Web a été pensé pour qu’il se réalise instinctivement. Avec un regard distancié, nous réalisons qu’un apprentissage accompagné avec méthodologie s’impose pour notre société.
La première étape est de reconnaître que la source d’une distraction est 90 % du temps à l’intérieur, et non à l’extérieur de nous, observe cet expert, en mécanismes d’addiction : Il ne s’agit pas de dénigrer notre comportement, mais il s’agit d’opérer sa propre régulation plutôt qu’un sevrage brutal. Individuellement posons-nous la question :
- En nous connectant, de quoi avons-nous vraiment besoin ?
- De quoi avons-nous envie d’être averti ?
Nous devrions prendre l’habitude de préciser nos intentions avant tout de connexion Puis, évaluer la qualité de l’expérience. Cela concerne l’éducation à la consommation de l’information, c’est la redéfinition nécessaire de nos usages d’internautes.
Plutôt que d’être défensifs, soyons acteurs responsables en postant intelligemment. Sans engager nos enfants, par exemple, en évitant de publier les échographies ou les photos de nos bambins. Au-delà d’un modèle économique, Internet est un modèle civilisationnel. Qui a un impact fondamental sur le fonctionnement de la démocratie : on peut légiférer, taxer, mais nous devrions nous sentir responsable.
Podcast TrenchTech avec Hélena Poincet : » cyber-sécurité la menace fantôme »
https://podcast.ausha.co/trench-tech/cybersecurite-la-menace-fantome