Le rapport à la technologie a des clivages majeurs, que l’on rencontre actuellement. Mais cela n’a pas été toujours le cas. Quelques chiffres ébouriffants sur l’adoption des technologies :
Il a fallu 68 ans au transport aérien pour gagner 50 millions d’utilisateurs,
50 ans pour le téléphone,
22 ans pour la télévision, deux ans pour Twitter
et 19 jours pour Pokémon Go.
Nous sommes de plus en plus adaptables, nos apprentissages sont anthropologiquement plus rapides. Sur la notion de progrès, Raphael Llorca, expert en sciences sociales, évoque ce paradigme :
« L’idée que demain sera nécessairement mieux aujourd’hui et qu’hier ». Nous avons une vision très linéaire du temps, couplée à l’idée que nous allons forcément vers un avenir meilleur. Il lui semble que nous sommes précisément en train de vivre un basculement de notre rapport au progrès..
Jusqu’au XVIIe siècle, on ne s’intéressait pas à l’avenir, mais au passé. La religion, et la pensée antique, étaient la boussole de nos actions, afin de parvenir au bonheur. C’est avec la révolution scientifique que le progrès nait. Galilée fonde l’héliocentrisme en 1610, René Descartes découvre la géométrie analytique en 1637. Cette avancée rationaliste permet aux techniques de se développer jusqu’à l’avènement de la révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle, en Europe.

Depuis, le monde a connu d’autres évolutions économiques toujours initiées par une innovation technologique. Puis ce progrès évolue au XXe siècle. Avec la découverte de l’ADN, de la bombe atomique, le premier ordinateur, la première fusée, l’ensemble des technologies NBIC, ainsi que les technologies spatiale et nucléaire.
Désormais, nous entrons dans une ère dichotomique : Jeff Bezos et les trois autres occupants de Blue Origin ont émis 75 tonnes de gaz carbonique chacun en 10 minutes. C’est l’équivalent des émissions de 16 français en une année. Ce progrès technique s’accompagne inéluctablement d’un autre paramètre, celui du déclin environnemental.
La tech fait-elle l’adhésion des Français ?
65 % des Français déciderait de vivre dans le passé si ils en avaient le choix. Pour autant 79 % des Français se montre majoritairement intéressé par la technologie et son développement. Avec la tech, on percute l’imaginaire, on lui offre d’autres dimensions. On a enfin la possibilité de faire des choses dont nos ancêtres ont rêvés. Comme résorber la pauvreté, manger à sa faim, ça, c’est très récent. Mais la tech est aussi une source d’inquiétude pour 38 % d’entre nous.
Puisque la technologie, la machine n’a pas de corps, n’a pas de désir, de sentiments, c’est à elle que l’on peut confier la rationalité, et la tâche de raisonner. Sur cette notion de rationalité, Miguel Benasayag philosophe et psychanalyste, développe la théorie d’une ère de post rationalité. Après avoir perdu la foi dans le rationalisme humain, nous nous tournons vers la foi dans le rationalisme de la machine. Mais nous risquons de préférer la donnée et le calcul, au libre arbitre. Les nouvelles technos offrent de formidables opportunités de progrès, lorsqu’elles sont utilisés comme outil au service d’ambitions éthiques, ou égalitaires. Mais lorsqu’elles sont pensées en dehors de tout projet de société, elles doivent être questionnées, remises en perspective.
Par exemple, nous avons suffisamment de quoi bien vivre, Mais qu’est-ce qui vient ensuite, après être rassasié ? On peut faire un arrêt sur images, et s’interroger. Plusieurs scénarios pour ce XXIe siècle qui révèle nos immense pouvoirs technologiques et démiurgiques avec nos positions de plus en plus fortes face à ces progrès.
Alors, deux scénarios : le premier qui consiste à penser « On va atteindre une crise de plus en plus profonde envers ces technologies ».
Et le second : les Français considèrent à 77 % que rien ni personne peut enrayer son développement. La tech a une évolution exponentielle, dans tous les domaines, en accélération avec la pandémie.
L’usage de ces tech impacte non seulement nos comportements mais aussi la société, exhorte à engager la politique, l’économie, la sociologie, l’éthique.
Et cela nous sollicite individuellement, convoquant notre libre arbitre et notre esprit critique. Afin de dessiner la société de demain.
Une chronique pour le podcast TRENCHTECH , que vous retrouvez ici : https://podcast.ausha.co/trench-tech/2042-ou-en-sont-les-femmes-dans-la-tech