Pour 2020, « l’année de la curiosité », les experts de l’Institut Sapiens se sont lancés dans des prospectives initiant des chemins de réflexion, que vous retrouverez, là: https://www.institutsapiens.fr/2020-annee-de-la-curiosite/
Mon billet est ici dans sa totalité, appréhende le vaste champ -et hors champ, d’exploration de l’ère numérique ! Qu’en pensez -vous ?
Merci de votre attention !
La décennie passée nous autorise à poser un regard sur l’acmé de la «transformation numérique», de projeter une approche conceptuelle des étapes qui se sont déroulées sur le terrain économique, politique, social, pour en dessiner les nouvelles perspectives.
Le numérique impacte l’économie, en une sorte de rupture incrémentale, et l’analyse explique les tâtonnements, voire les résistances françaises.
La première phase pourrait être celle d’un malentendu -cette injonction de « transformation numérique » corrélée aux outils informatiques, ensuite orientée par le marketing. Une conception, oscillant entre technologie et exécution organisationnelle, médiatisée à l’excès, qui n’a suscité que perplexité, voire appréhension auprès des dirigeants.
La brèche était ouverte !
Confondant les moyens et les objectifs, notre société technophile offre le plus souvent des outils en réponse aux attentes d’organisation. Une justification qui prend de l’ampleur avec les technologies actuelles.
La deuxième phase invoquant le tout transversal, a suggéré aux entreprises de désiloter pour améliorer la collaboration. Mission quasi impossible ! Car les objectifs des enjeux métiers sont difficilement conciliables, notamment dans les grands groupes édifiés historiquement. Pour toute structure, chacun des silos a, au-delà de sa fonction initiale, ses intérêts propres : des objectifs, des timings divergents, des modes de rémunération multiples. Le pouvoir de chaque service, réside encore dans la préservation de ses intérêts.
Comment intégrer ces résistances et retrouver la valeur cardinale des organisations ?
Le fondamental, est l’humain. L’entreprise est une communauté d’individus. La réunion de ces individus, une multitude d’intelligences rassemblées, qui font société, un concept que nous devons réhabiliter.
Dès lors, la «transformation numérique» n’est plus la terminologie adéquate, nous avons là une mission d’évolution globale des organisations, du manager aux équipes .
Mais «la pensée occidentale, a développé une pensée fractionnée, qui ne convient pas à l’efficacité pour les systèmes» analyse Chantal Gensse dans « L’entreprise insoumise ».
Cette étape de co-construction, par l’intelligence collective, n’est pas totalement acquise dans la culture de l’entreprise française.
Et cela prendra du temps, car, pour que l’individu évolue, on doit lui proposer de pouvoir mesurer son intérêt personnel. Pas l’intérêt de l’entreprise, non, le sien ! Avec la conscience de la difficulté représentée pour la gouvernance, d’embarquer individuellement puis collectivement. En définitive, cette recommandation de décloisonnement, de partage, se trouve être la plus concordante avec la proposition numérique et ses modes collaboratifs.
La nouvelle génération en a les clés. Pour autant, nous n’avons pas éduqués nos enfants avec les outils qu’ils utilisent aujourd’hui, nous ne les avons pas connectés sur Blablacar, ni sur les plateformes de couchsurfing. Nous ne les avons pas interpellés sur l’écologie dans leurs usages numériques, ni même avertis sur le binge watching avec les séries sur Netflix, ou sur la culture du partage. Certains sont des amateurs éclairés. Ils maîtrisent, vivent les notions de partage et de coopération dans leurs vies quotidiennes.
En parallèle de l’usage qu’ils attendent en tant que consommateurs, ils risquent de remanier fortement en tant que citoyens, les processus de l’emploi, et tout le modèle du monde du travail. De pousser les entreprises à revoir leur méthode de recrutement et encore plus en avant, leur discernement des profils, et des parcours professionnels.
Le numérique est aussi politique : Ses effets, des conséquences qui nécessitent la prise de conscience.
13 millions de français sont considérés en situation d’illectronisme.
A la fracture numérique, sorte de ligne de rupture symbolique, correspond la fracture sociale. Le gouvernement se trouve dans l’intimation d’une simplification par la dématérialisation des démarches administratives. Et parallèlement, dans une obligation d’accompagnement, d’apprentissage, pour l’inclusion. Ainsi, la mise en place de structures telles les maisons de service. Ce n’est pas seulement un manque de technicité qu’il faut combler, mais la compréhension du monde digital par chaque citoyen, dans l’objectif du tout numérique.
Autre impératif : la nécessité de réguler, au niveau législatif, pour l’usage de ces technologies -la reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle – et ses biais. L’abondance technologique invite à la définition de cadres.
Pour pallier cette fracture, à la fois sociale, territoriale et géographique, c’est par un angle élargi, jusqu’au système éducatif, à la formation de toutes les parties prenantes, que la société apportera les solutions.
Après avoir parcouru quelques-uns des stades de cette dynamique, quelles réponses ?
Le témoignage de Guillaume Pepy, ex Président de la SNCF, confirme que « c’est dans l’organisation que se trouve la clé de la transformation ». L’étape cruciale pour l’évolution de l’entreprise est celle qui englobera tous les systèmes : la révision des process, par l’implication managériale et l’engagement des collaborateurs. Ce parti-pris est confirmé par l’expérience de Pascal Demurger, PDG de la MAIF.« On n’accepte plus de travailler uniquement pour un salaire : insuffler du sens par des projets, restaurer la confiance en responsabilisant, et privilégier le collectif sur la compétition individuelle. »
Ma conviction est que cette problématique de l’évolution des organisations à travers le numérique, doit être appréhendée de manière encore plus vaste : par une conception systémique. C’est une proposition qui nécessite une réponse concordante. Alors que nous oeuvrons segment par segment, à coup d’initiatives isolées. A l’avenir, nous devrons travailler par des approches, des stratégies de bataille transverses, pour faire grandir nos entreprises, nos organisations.
Afin de les inscrire dans la cohérence pour les communautés, les individus. L’analyse systémique apporte un cadre, modélise tous les points d’entrée liés au numérique, avec les variables que cela comporte.
C’est par cet angle systémique, que nous devons penser, agir. Assurant un socle solide, évolutif, pour la pérennité, économique et sociale.